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Liber

La commémoration de Franz Cumont à  Rome. 13 janvier 1949

autor desconocido

LA COMMEMORATION DE FRANZ CUMONT A ROME

(13 JANVIER 1949)

Sur l'initiative conjointe de l'Accademia Nazionale dei Lincei et de l'Academia Bélgica, une séance solennelle d'hommage à la mémoire de Franz Cumont s'est tenue à Rome le 13 janvier dernier. Par une faveur exceptionnelle et jusqu'à ce jour unique, l'Académie nationale italienne s'était transportée dans les locaux de notre Académie et c'est sous l'obligeante présidence de M. Castelnuovo, Président des Lincei, que se déroula la manifestation. Aucun plus éclatant ne pouvait être donné de la sympathie et de l'admiration dont demeure entouré à Rome le souvenir de notre illustre compatriote.

Deux importantes communications furent présentées au cours de cette séance, l'une par M. Pettazzoni, professeur à l'Université de Rome, l'autre par M. W. Lameere, professeur à l'Université de Bruxelles. Nous les faisons précéder des allocutions et adresses qui servirent d'introduction à la partie scientifique de la manifestation.

Allocution de M. le Professeur F. de Visscher
Directeur de l'Academia Bélgica à Rome

Eminences, Excellences, Mesdames, Messieurs,

C'est une grande mémoire que celle que nous honorons aujourd'hui.

Franz Cumont ne fut pas seulement un des plus grands érudits de notre temps, avec tout ce que ce terme d'érudit implique de sagacité et de ténacité dans la recherche, comme de loyauté dans l'interprétation. Doué d'une puissante intelligence historique, il a pénétré les secrets d'une des périodes les plus émouvantes de la pensée humaine. Par lui ont repris âme et vie ces formes tantôt obscures tantôt éclatantes sous lesquelles les mythes de l'Orient et de la Grèce ont répondu aux aspirations et sollicité la sensibilité religieuse de l'Occident. Plus largement encore, son œuvre, d'une si sereine maîtrise, a déterminé une attitude nouvelle vis-à-vis de l'étude des phénomènes religieux, ouvrant ainsi à la pure recherche scientifique l'un des aspects essentiels de l'histoire de la civilisation. Son nom demeurera de ceux qui honorent la science de tous les temps.

Franz Cumont fut aussi un prodigieux semeur d'idées. Il l'était en raison de la richesse presque incroyable de ses intuitions et aussi grâce à un noble désintéressement, à son total dévouement à la science. Nul ne l'a approché, fût-ce un modeste historien du droit, sans retirer le plus large bénéfice de ses conseils et de ses directives. La bibliothèque que garde cette Académie rassemble d'innombrables témoignages de cette influence et représente comme un monument, une véritable memoria, élevée à la générosité de sa pensée.

Si j'insiste sur cette générosité, sur la fécondité toujours active de son œuvre écrite, c'est qu'elle a déterminé le caractère même de cette séance. Au lieu d'un trop sommaire et par là même inutile rappel de la vie et de l'œuvre de Franz Cumont, nous avons pensé qu'une séance consacrée à des communications proprement scientifiques serait un hommage plus digne et mieux approprié à son caractère et à ses préoccupations. Ces communications graviteront autour des thèmes familiers à sa pensée : elles fourniront un enrichissement à la science et constitueront par là même le don qu'il eût apprécié entre tous.

Signor Presidente,

Che l'Accademia dei Lincei ha voluto partecipare a questa solenne commemorazione è per il nostro Istituto un grande, un ambitissimo onore. Questo onore, lo dobbiamo anzitutto al grande scomparso stesso, ai sentimenti di alta stima ed aile fervide amicizie ehe l'univano alla Vostra illustre Compagnia.

Àˆ vero che la scienza è universale e che tra gli studiosi liberi di tutte le nazioni esista una repubblica, tanto silenziosa quanto operosa. Ε pero, un tale omaggio, cosi commovente, reso dai Lincei in questo centro belga, dimostra una vera a profonda comprensione e simpatía tra Γ Italia ed il Belgio.

Per una tale testimonianza, mi preme, Signor Presidente, Illustrissimi e cari Colleghi dei Lincei, di esprimervi la nostra sincera e calorosa gratitudine.

Mi pregio di ringraziare sentitamente tutte le personalità qui presentí e specialmente.

Son Eminence le Cardinal Tisserant.

Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères d'Italie, Comte Sforza,

Son Excellence Monsieur Motte, Ambassadeur de Belgique auprès de la République Italienne,

Son Altesse le Prince Chigi

MM. Vercauteren, délégué du Ministre de l'Instruction Publique de Belgique, e il rappresentante deo Ministre délia Pubblica Istruzione d'Italia,

corne pure ringrazio tutti gli amici intervenuti, che hanno conosciuto in Franz Cumont non solo il famoso scienziato ma anche l'uomo dal gran cuore.

Prego il Signor Presidente di farci l'onore di assumere la presidenza.

Allocution de M. Gu. Castelnuovo

Presidente dell' Accademia Nazionale dei Lincei

Era intenzione dell' Accademia dei Lincei di commemorare in una délie sue sedute l'insigne storico ed archeologo Franz Cumont che, in omaggio al nostro statuto, dovevamo chiamare socio straniero, ma che era amato tra noi come i più cari soci nazionali.

Quando pero il Prof. de Visscher, egli pure nostro socio, mi propose di uniré la commemorazione dei Lincei con quella che l'Accademia Belga voleva dedicare all' illustre estinto e mi espresse il desiderio che la manifestazione si tenesse in questa sede, diedi volentieri il mió consenso. Diedi il consenso, pur contravvenendo alie consuetudini accademiche, perché mi parve che se il Cumont avesse ancora potuto esprimere un desiderio, sarebbe stato di rivivere un' ora in questo palazzo dove il suo spirito abeggia, dove una sala porta il suo nome, dove è custodita religiosamente la ricca, inestimabile biblioteca, da cui egli voile staccarsi ancor vivo per offrirla all' Accademia Belga ed a Roma.

Ed ho pensato altresi che questa manifestazione in comune ci avrebbe permesso di daré una prova di viva simpatia alla nazione Belga, piccola di territorio, grande per i valori dello spirito ed il fervore delle opere.

Ci siamo cosi accordati, il Prof, de Visscher ed io, di riunirci in questa Valle Giulia, cara al Cumont, dove egli si compicueva — cito le sue parole — di vedere una fioritura di scuole appartenenti a nazioni diverse sotto tanti aspetti, eppure devote ad un compito comune, il compito di scrutare il passato di questa Roma, in cui tutte riconoscono la madre spirituale.

Ed ora, ascoltando la conferenza che terra il collega Raffaele Pettazzoni per illustrare un capitolo dell' opera immensa di Franz Cumont, non solo rievocheremo la figura indimenticabile del grande maestro, ma rinsalderemo sotto i suoi auspici la tradizionale ami- cizia tra due nazioni sorelle, il Belgio che gli diede i natali e che egli onorô con i suoi scritti e l'Italia e Roma, ove trascorse tanti anni délia sua vita e che egli amo sempre corne seconda patria.

Adresses académiques

M. Fernand De Visscher, au nom de l'Académie Royale de Belgique, lit l'adresse suivante :
A l'Academia Belgica

L'Académie Royale de Belgique, apprenant avec émotion la pieuse initiative de l'illustre Accademia dei Lincei et de notre Academia Bélgica, qui, dans une séance conjointe et solennelle, ont voulu commémorer, le 13 janvier 1949, l'œuvre immortelle de notre cher et grand confrère Franz Cumont, à l'occasion de la publication de son livre posthume, qui est comme son testament philosophique et scientifique, Lux perpetua luceat eis, a résolu unanimement de s'associer à cet hommage, qui lui rappelle l'un des Maîtres les plus fameux qu'elle ait comptés dans son sein. Malgré sa modestie proverbiale, Franz Cumont, de son vivant, avait mérité et recueilli tous les suffrages et tous les honneurs.

L'admiration universelle avait, dès son début triomphal, célébré en lui les qualités complémentaires, mais rarement réunies, qui seules élèvent les érudits au rang suprême des princes de la science historique. Il avait 30 ans à peine, que déjà il donnait au monde savant son Mithra, affirmant ainsi, du premier coup, sa maîtrise d'un immense sujet, embrassé dans son ensemble, et sa connaissance parfaite et minutieuse des détails infinis par l'étude desquels doit commencer toute reconstitution de la vie antique.

Mais le livre qui, pour d'autres, aurait été un couronnement de carrière, ne faisait qu'ouvrir une féconde et brillante voie, une période d'un demi-siècle qui est probablement, non seulement pour Franz Cumont, chef d'école, mais encore pour toute l'école belge elle-même, la plus féconde et la plus rayonnante que pût rêver notre humanisme miraculeusement rénové.

Historien, philologue, épigraphiste, archéologue, les techniques diverses que Franz Cumont maniait souverainement n'ont plus cessé d'être chez lui au service d'une idée : et sa double méthode, l'exactitude la plus consciencieuse dans l'étude des documents et des monuments, même les plus infimes, et la subordination constante du fait à l'idée, du détail à l'ensemble, de l'analyse à la synthèse, ont, grâce à lui, pénétré la science belge. Dès son premier mémoire académique sur Alexandre d'Abonotichos, paru dans le tome 40 de nos Mémoires, il y a plus de 60 ans, Franz Cumont avait en vue d'écrire l'histoire des idées religieuses dans l'empire romain, et notamment des espérances d'outre-tombe du monde antique finissant.

C'est avec une entière fidélité que Franz Cumont a accompli ce dessein. Qu'il explorât dans toutes les bibliothèques du monde la littérature astrologique, qu'il publiât en les illustrant d'humbles inscriptions, qu'il suivît les traces de Rome dans la vallée de la Meuse ou dans les Montagnes du Pont, qu'il copiât et commentât le serment épigraphique des Paphlagoniens à Auguste divinisé, ou encore qu'il relevât, en vue d'une publication monumentale et splendide, les fresques et les inscriptions de Doura sur l'Euphrate, Doura, le satellite de Palmyre qu'il avait ressuscité ; qu'il se fît, suivant ses propres paroles, photographe et arpenteur, paléographe ou astronome, il ne fit que suivre une vocation qui devint pour lui une règle de conduite et, en somme, une règle de foi.

La Belgique, le Musée du Cinquantenaire, nos Universités, Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique qui ont souvent regretté l'absence de Franz Cumont devenu citoyen romain, lui savent gré aujourd'hui de ne les avoir quittés que pour fonder à l'intention de notre jeunesse studieuse la nouvelle Académie Belge de Rome.

En particulier, la Classe des Lettres de l'Académie royale de remercie, par l'intermédiaire de l'Accademia dei Lincei, ses confrères romains et italiens d'avoir, par l'infinie délicatesse de leur amitié, adouci, embelli, enrichi sans cesse l'âme naturellement si belle et si riche de l'auteur des Recherches sur le symbolisme funéraire des Romains, du grand inspiré qui a écrit, en conclusion d'une vie lumineuse, le livre mystique et profond qui porte le plus beau des titres et le plus consolant : Lux perpetua luceat eis.

Bruxelles, le 10 janvier 1949.

Le Secrétaire perpétuel, Victor Tourneur
Le Président, George Smets

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