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Liber

Le dieu mithriaque léontocéphale

René Dussaud

Le groupe caractéristique « lion, serpent, cratère » marque le rapport avec le culte mithriaque, car comme nous croyons l’avoir montré, ce groupe ne symbolise pas la lutte des éléments, terre, eau et feu, mais la participation des animaux-attributs au sacrifice, par Mithra, du taureau divin, amenant le renouvellement de la nature.

Cumont a relevé qu’un sacerdos des dieux palmyréniens fut accueilli en Dacie par les mystes de Mithra comme un adepte de leur religion. Nous aurons à nous souvenir de ces particularités tout en prenant garde qu’une rencontre est possible entre mêmes attributs sans qu’il y ait eu contact réel. A ce sujet, M. Ernest Will nous signale que « sur les reliefs du Cavalier thrace, on voit plus d’une fois le lion accompagnant le héros chasseur — d’ailleurs aussi deux ou trois fois le serpent — ou encore sous le cheval le groupe du lion terrassant le taureau. Il n’y a pas lieu de croire à une influence du mithriacisme sur ces monuments ».

Il nous faut revenir sur l’étrange figure du dieu léontocéphale qui apparaît à basse époque dans le culte mithriaque. Nous n’en avons parlé que pour écarter tout rapprochement avec le dieu El, car ce dernier n’avait comme attribut ni le serpent ni le lion <6’. Cumont définissait le monstre comme une personnification du Temps et l’identifiait au Zervan Akarana, le Temps infini qui, placé à l’origine des choses, avait donné naissance à la fois à Ormuz et à Ahri- man. Ce zervanisme, constitué en Babylonie, aurait été enseigné par les mazdéens d’Asie Mineure aux sectateurs occidentaux de la religion iranienne (1). Dans son magistral ouvrage, Cumont a enregistré vingt-cinq monuments du type léontocéphale relevés en Phénicie, à Rome, Ostie, peut-être à Florence, en Germanie, Bretagne, Gaule, Afrique et Egypte. Le dieu généralement nu et à tête de lion a le corps entouré d’un serpent. Muni de deux paires d’ailes, il tient des clés dans les mains. Rarement le dieu est vêtu.

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